Géopolitique du Burkina Faso un livre de Jacques Barrat, Derek El-Zein, Nicolas Lambert

Publié le par Patriote

Septembre 2008, 290 pages, SEM

ISBN-10 : 2357640448

ISBN-13 : 978-2357640443

Contact Edition : BibliEurope 42 rue Maubeuge tel 01 42 80 67 05

Présentation de l’éditeur (4 ème de couverture)

« Le Burkina Faso, ancienne Haute-Volta, compte statistiquement parlant parmi les pays les plus pauvres de la planète. Mais grâce au dynamisme, au courage et au sérieux de ses habitants, héritiers pour la plupart des valeurs de l’ancien empire mossi, le Pays des Hommes intègres a aujourd’hui, en Afrique de l’Ouest, l’image d’une nation solide, raisonnable et fiable. Il est vrai que son rayonnement intellectuel et culturel, bien supérieur à ce qu’on serait en droit d’attendre d’un PMA sahélien, le place au sein des pays francophones les plus doués et les plus remarquables, comme le montre par exemple le prestige qu’il a pu acquérir dans le domaine du septième art. Par ailleurs, le Burkina Faso a su jouer, ces dernières années, un rôle diplomatique déterminant dans la prévention et la solution des crises et des conflits qui ont failli déstabiliser une Afrique subsaharienne qui s’ouvre, depuis peu, à la mondialisation. La collection Géopolitiques du XXIe siècle, dirigée par le Professeur Jacques Barrat, a pour objectif de fournir une analyse géopolitique des grands espaces économiques et culturels, ainsi que des principales constructions politiques et nations du monde ».

Les auteurs

Jacques Barrat, universitaire et diplomate, enseigne la géopolitique de l’information et de la communication à l’Université Panthéon-Assas Paris II et au Collège interarmées de défense (ex-Ecole Supérieure de Guerre). Il a notamment été Secrétaire général de l’Office franco-québécois pour la jeunesse (1993-1997), puis Conseiller de coopération et d’action culturelle à l’Ambassade de France en Roumanie et directeur de l’Institut français de Bucarest (1999-2001). Il est impiqué dans les actions de la francophonie. Jacques Barrat a déjà publié de nombreux ouvrages de géopolitique, Géopolitique de la mer noire, Géopolitique de la francophonie, Géopolitique de la Roumanie… mais aussi sur les médias et la communication.

Jacques Barrat est aussi un homme de réseau, proche de Jean Guion, le communicateur et Blaise Compaoré, tous deux issus des réseaux gaullistes notamment autour de Pierre Mesmer.

On comprend donc pourquoi le livre commence par de nombreux remerciements à Blaise Compaoré qui a aidé les auteurs à réaliser cet ouvrage. De quoi s’inquiéter l’objectivité du résultat… Ce livre entre dans l’entreprise mené par Jean Guion pour tenter de faire oublier le lourd passé de Blaise Compoaré.

Derek el Zein : après des études de droit à l’université de Panthéon-Assas paris II, il devient avocat au Barreau de Paris. Il obtient son doctorat en science de l’information et de la communication dirigé par Jacques Barrat consacrée au Paysage médiatique libanais (2006). Cette thèse lui vaut selon la biographie présente dans le livre, d’être un spécialiste de la géopolitique des médias au Proche-Orient. Il enseigne, en plus des cours à l’université Panthéon-Assas II, à l’IPERMIC, l’institut Panafricain d’Etude et de Recherche sur les Médias, l’Information et la Communication de Ouagadougou.

Nicolas Lambret : La biographie de cet auteur est vague : « après des études d’histoire », on ne sait ni combien de temps ni à quel niveau. N. Lambret se spécialise dans la science de l’information et de la communication dans le cadre de l’Institut Français de Presse de l’Université Panthéon-Assas Paris II. Il prépare au moment de la rédaction de ce livre, une thèse sous la direction de…Jacques Barrat, « Le Burkina Faso et son image dans la presse écrite hebdomadaire française. Il enseigne à l’IPERMIC de Ouagadougou, dont il est assistant administratif français.

Table des matières

INTRODUCTION

I / Une nature Ingrate

  • Un pays sahélien
  • Un relief presque plat
  • Un réseau hydrographique important mais qui ne favorise pas l’irrigation
  • Un climat qui se dégrade d’année en année
  • Des sols trop souvent ingrats
  • Une végétation constituée de steppes, de savanes et de forêts claires
  • Une faune très riche

II / Une population jeune, dynamique, essentiellement rurale

  • Une population jeune
  • Une population qui croît très vite
  • Une population inégalement répartie
  • Un Burkinabè sur cinq habite la ville
  • Une urbanisation qui s’accélère

III / Une mosaïque d’ethnies porteuse de cultures séculaires

  • L’existence de quelque 65 ethnies et sous-ethnies n’empêche pas pour autant l’unité nationale
  • Un grand nombre de langues nationales
  • Des pratiques religieuses empreintes de tolérance
  • Un patrimoine culturel riche et varié

IV / Une civilisation pratiquement millénaire

  • Des origines à l’empire du mossi
  • Une société très hiérarchisée
  • Une économie relativement prospère
  • Des traditions qui ont favorisé le maintien d’une forte cohésion
  • L’arrivée des explorateurs et les premiers signes de fragilité
  • Le choc colonial
  • L’immédiat après Première Guerre mondiale
  • L’identité voltaïque après la Seconde Guerre mondiale

V / De la Haute-Volta au Burkina Faso

  • La présidence de Maurice Yaméogo et les errements de l’indépendance (11 décembre 1959 – 3 janvier 1966)
  • La présidence du général Sangoulé Lamizana : la stabilité retrouvée (3 janvier 1966 – 25 novembre 1980)
  • La présidence du colonel Saye Zerbo (25 novembre 1980 – 7 novembre 1982)
  • La présidence de Jean-Baptiste Ouédraogo (7 novembre 1982 – 4 août 1983) : Sankara prépare la vraie Révolution.
  • L’expérience Sankara et son échec (4 août 1983 – 15 octobre 1987)
  • La présidence de Blaise Compaoré (15 octobre 1987) : de la Rectification à la démocratie

VI / Des conditions de vie encore difficiles mais des progrès économiques surprenants

  • La pauvreté reste généralisée
  • Le sous-emploi est un fait patent
  • Santé et nutrition laissent à désirer
  • Bien se loger n’est pas simple
  • La consommation des ménages montre le fossé ville/campagne
  • L’éducation est sans aucun doute le problème numéro un pour les Burkinabè
  • Une population qui émigre, en particulier vers la Côte d’Ivoire
  • L’accès aux services sociaux s’améliore peu à peu
  • Plus généralement le dynamisme et les progrès économiques sont rassurants

VII / L’agriculture demeure la clef de voûte de l’économie

  • Le pivot de la croissance burkinabè
  • Un secteur fragile en réalité
  • Une agriculture nourricière presque suffisante
  • Les autres cultures vivrières se portent bien
  • Des progrès agricoles néanmoins encourageants
  • Le rôle positif des OGM
  • Le Burkina Faso, gros (sinon trop gros) producteur de coton du continent africain
  • L’élevage reste assez marginal

VIII / Une industrie qui a du mal à décoller

  • Le secteur minier n’est pas totalement négligeable
  • Des industries peu nombreuses, en retard, et trop liées au secteur agricole
  • Une industrie de transformation élémentaire : l’égrenage du coton IX / Un tertiaire en plein essor, un rayonnement culturel indéniable
  • Des activités fondamentales pour le pays
  • Un système bancaire qui se met peu à peu en place
  • Culture et tourisme constituent le « fleuron » du tertiaire burkinabè

X / Une armature urbaine et un réseau de transport encore embryonnaires

  • Un nombre restreint de pôles économiques dynamiques et rayonnants
  • Un réseau de transports qui doit être encore modernisé
  • Les transports aériens participent au désenclavement
  • Le transport maritime est l’apanage des pays côtiers
  • Les télécommunications sont en pleine explosion

XI / Des échanges extérieurs déficitaires et la nécessité de recourir à l’aide

  • Un déficit contenu, des exportations trop faibles en valeurs ajoutée, des importation difficiles à réduire
  • La nécessité de recourir à l’aide étrangère

XII / Des institutions solides

  • Une constitution qui garantit les libertés individuelles et collectives
  • Une constitution qui garantit la séparation des pouvoirs
  • Une décentralisation effective
  • Les distorsions entre droit moderne et la vie quotidienne

XIII / L’éradication progressive des freins au développement

  • L’eau et l’environnement d’abord
  • Des progrès sanitaires indéniables
  • Des réussites véritables en matière d’éducation
  • Une urbanisation qui devra être maïtrisée

XIV / Les raison d’espérer

  • L’amélioration réelle du climat des affaires
  • L’apparition de contre-pouvoirs conforte le processus de démocratisation du pays
  • Le rôle crucial de la coopération décentralisée pour financer les programmes de développement
  • Un PMA raisonnable et plutôt bien géré
  • Des médias de qualité et responsables
  • En réalité tout se fera grâce aux femmes

XV / Des capacités militaires certes limitées, mais une diplomatie influente

  • Le Président Blaise Compaoré, « facilitateur » incontournable du dialogue interafricain
  • L’intégration sous-régionale comme cadre de déploiement
  • L’importance des diasporas dans la politique étrangère du Burkina Faso

Conclusion

Critique du livre

Comme il est rappelé dans l’ouvrage dès la page 2, les auteurs sont de véritables pontes universitaires français, Jacques Barrat étant professeur à l’Université Panthéon Assas-Paris II (bastion de la droite universitaire). Trois auteurs, une page entière. On l’a compris il est nécessaire d’insister sur leur légitimité à écrire un ouvrage dont le titre est déjà tout un programme. Le contenu de livre nous ferait douter ? Pour nous assurer du sérieux et du vrai travail d’universitaires (neutralité, objectivité, analyse profonde, etc.), les auteurs précisent qu’ils tiennent avant toute chose (c’est la première page écrite par les auteurs) à remercier le président Blaise Compaoré pour son soutien ainsi que Jean Guion (issu des réseaux gaullistes, homme de la françafrique, qui n’est autre que le communicateur attitré de M. Blaise Compaoré). Le ton est donné.

Puis commence alors la lecture de ce travail. Les auteurs effectuent quelques rappels sur le Burkina, sa géographie, sa faune sa flore et sa population. Page 20, dans cet ouvrage à visée a priori géopolitique, on nous offre un bel étalage de la faune du pays. Etalage au sens propre « Toutes les espèces de l’Afrique de l’Ouest sont représentées dans la faune du Burkina Faso […] », s’en suit une liste non commentée des espèces présentes. Soit. L’intérêt de cette partie nous pose des questions sur ce qu’est la géopolitique.

Dans cette même partie, légèrement plus loin, nous apprenons un peu sur l’ethnologie du pays et par exemple que « [...] les peuls descendent des Touareg du nord-est [...] » p.39, Cheikh Anta Diop doit se retourner dans sa tombe et la plupart des chercheurs toutes disciplines confondues seront aussi dérangés par telle affirmation. On pourrait presque continuer en disant que les Peuls sont aussi les lointains cousins des populations issues du métissage avec les européen, idée chère aux théoriciens coloniaux. Innocemment cette affirmation doit raviver quelques vieux démons.

Lorsqu’il s’agit d’analyser la culture Burkinabè, on aperçoit une courte partie sur le cinéma Burkinabè. Quelle riche idée ! Il est vrai que le cinéma burkinabè et les cinémas africains en général sont très en marge des études universitaire, notamment du point de vue géopolitique, mais il est intéressant de noter l’ironie d’une note de bas de page « [...] citons pour être tout à fait complet, S. Pierre Yamégo [...] » p.48 et après la liste de ses films primés dans des grands festivals de film, les auteurs, tout à fait complets, oublient le dernier film de Yaméogo, Delwende, qui reçut le prix un certain regard au festival de Cannes en 2005. Oui, ils sont tout à fait complets, mais peut-être un peu sûr d’eux...Pour continuer à être complet, les auteurs avancent aussi (toujours dans le domaine du cinéma) la date de 1968 pour la création du festival de cinéma qui se déroule en Tunisie, les Journées Cinématographiques de Carthage (JCC)...qui est pourtant créé en 1966. Deux ans d’erreur, ce n’est surement pas bien grave pour un continent sans histoire. Après tout l’objectif est-il de donner une vérité historique, à l’année près ou bien de chanter les louanges du gouvernement ? D’ailleurs tout l’honneur sur le déroulement du Fespaco (Festival Panafricain du cinéma de Ouagadougou), reviendrait selon eux au régime Compaoré. Le fait qu’il ait été crée vingt ans avant son accession au pouvoir et que chaque gouvernement depuis cette création fut mobilisé pour la manifestation n’est pas très important finalement…

Toujours sur la culture Burkinabè, « l’impact des élites culturelles du Burkina, en dépassant les frontières du pays, a fait de ce dernier, le nouveau Quartier Latin de l’Afrique » p.48. Il semble que dans cette phrase nous pouvons observer trois énormités intellectuelles. D’abord cette comparaison, sur un ouvrage concernant l’Afrique est tout à fait déplacée et démontre de manière exemplaire la vision franco-centrée de cette étude. Ensuite il apparait évident qu’après avoir encensé le président de Faso, les auteurs font une nouvelle fois preuve d’une absence catastrophique de neutralité et affichent leur parti pris pour la glorification du Burkina Faso et de son gouvernement. La troisième erreur méthodologique dans cette affirmation est évidement la place hégémonique donnée à la culture burkinabè. La culture burkinabè est effectivement depuis longtemps une priorité gouvernementale et pour un pays qui compte parmi les plus pauvres du monde, la culture occupe une place de premier ordre dans les revenus du pays, et elle rayonne de part le monde. Mais affirmer que le Burkina Faso est le nouveau Quartier Latin de l’Afrique est tout à fait scandaleux dans le sens où cela rejette les autres pays au rang de « province » ou de « banlieues » de la culture. Les maliens, les sénégalais, les camerounais et tous les africains doivent se sentir extraordinairement bafoués par une telle affirmation, qui, comme pendant l’exposition coloniale, tente de hiérarchiser les cultures...

Si l’on peut penser que les dernières remarques sont de l’ordre du détail, les auteurs marquent encore leur allégeance au régime Compaoré lorsqu’à la page 78 il est écrit au sujet de l’exportation de la culture burkinabè que, « comme s’accordent à dire les observateurs du monde entier, la liberté d’expression qui règne depuis deux décennies y est pour beaucoup ». Oui la liberté d’expression règne depuis vingt ans dans ce pays, c’est à dire depuis 1987, l’assassinat de Thomas Sankara par les actuels membres du régime. Date à partir de laquelle Blaise Compaoré s’est attaché à éliminer toute existence de dénonciation construite. Il n’est plus à rappeler le rôle de la sphère présidentielle dans l’assassinat de Norbert Zongo, qui doit se retourner dans sa tombe lui aussi avec pareille déclaration. SamsK le Jah entretenu dans le précédent numéro de billet d’Afrique et d’ailleurs , ne pourrait que confirmer, malheureusement, ce qui vient d’être dit. D’ailleurs, les auteurs trouvent juste de qualifier l’assassinat de N. Zongo « d’égarement » du régime.

« Pareils égarement peuvent ruiner un travail de vingt ans, même lorsqu’il a été prouvé que celui-ci ne saurait en rien se trouver impliqué » lit-on à la page 235. Jugement très léger lorsqu’il s’agit d’un assassinat, le choix du mot « égarement » est un peu limite, surtout lorsqu’il est ajouté à cela que le gouvernement n’est pas impliqué. Effectivement la commission officielle chargée de l’enquête prononça un non-lieu le 19 juillet 2006, mais les rapports indépendants sont accablants pour le gouvernement. Seul Marcel Kafando, fut retenu pour être inculpé mais le 16 août 2008, il fut prononcé dans son dossier, un autre non-lieu…

« Blaise Compaoré, le facilitateur »...c’est par ce titre que commence le chapitre sur le rôle du président du Faso dans le règlement des crises dans la sous-région. Effectivement Compaoré facilite beaucoup des pays comme la Sierra Leone ou le Liberia, la Côte d’Ivoire ou l’Angola, en envoyant des militaires soutenir des gouvernements de tyrans, ou en armant des rebelles, ayant plutôt fait œuvre de déstabilisation de l’Afrique de l’ouest. S’il ne fallait qu’un exemple de soumission à la sphère dirigeante du Burkina pour pouvoir réaliser cet ouvrage, cette dernière citation suffirait.

Dans la partie consacrée à la politique Burkinabè, les auteurs critiquent sans nuance la période de la Révolution du 4 août 1983, menée par Sankara et Compaoré. Il est évident que cette période fut une époque où les droits de l’homme souffrirent, où la démocratie fut absente, et le totalitarisme la règle. Mais il faut aussi rappeler que cette période permit au Burkina de devenir auto-suffisant en céréales, dépassant de très loin la moyenne des autres pays sahélien, c’est aussi une période où la femme pu œuvrer pour son émancipation, soutenu par le gouvernement ou encore que la culture connut un véritable coup d’accélérateur, etc. Il est évident que pour un travail de chercheur universitaire, cette critique sans nuance, vise plutôt à glorifier et légitimer le pouvoir actuel, meurtrier de cette révolution. Il est fait état, ensuite, « de toute une série de bavures », bavures qui on le sait, sont tout à fait inexistantes dans le gouvernement Compaoré. Paradoxe surprenant toutefois lorsqu’il est écrit que le véritable homme pouvant renverser le régime de Jean Baptiste Ouédraogo, précédant la révolution, était Blaise Compaoré. Loin de légitimer la Révolution ni d’accuser le seul régime actuel (depuis 1987), il est nécessaire de nuancer.

Ce livre ne décèle aucune étude de fond, aucune analyse politique véritable et souvent utilise des raccourcis très inspiré par une condescendance trop classique, encore en 2009.

L’analyse du nombre de logements lotis en rapport avec le sexe du chef de ménage est un de ces exemples. Une légère majorité de ces ménages sont gérés par des femmes, ce qui permet aux auteurs d’affirmer : « Cela démontre s’il en était besoin, les qualités de gestionnaires de femmes Burkinabè ». Pouvons-nous dire qu’il s’agit là d’un cliché ?

Tout comme l’explication de la devise révolutionnaire « la patrie ou la mort, nous vaincrons ! ». Les auteurs explique donc cette devise par un proverbe mossi (probablement juste en partie), ethnie majoritaire, ethnie du président, sans référence aucune à la révolution cubaine, quelques années plus tôt, où le commandant Ernesto Che Guevara et Fidel Castro lançaient à chaque meeting, chaque réunion, chaque discours politique de la révolution, la devise suivante : « La patrie ou la mort ! ». Ces auteurs n’y voient là aucun lien, mais nous sommes en droit d’en douter lorsqu’on sait que le Burkina révolutionnaire était un allié de Cuba et Sankara un admirateur de Ernesto Che Guevara.

Pour finir les auteurs nous fournissent une analyse sur l’agriculture et « le rôle positif des OGM »p.119, au Burkina Faso, peu de nuances une fois de plus. Partant du principe que le changement positif en matière d’agriculture a eu lieu il y a une vingtaine d’années, comme d’ailleurs à chaque fois que les auteurs parle d’un point positif (pour les points négatif, ils remontent tous à avant 1987), on nous affirme que « [les rendements agricoles ont été améliorés] et qu’ils ont permis de constituer des stocks rassurants ». Cela bien entendu sans rappeler la famine masquée par le gouvernement, au nord du pays en 2005 et en évitant d’ajouter que par exemple, le régime révolutionnaire avait réussi à rendre le Burkina auto-suffisant en céréales dépassant la moyenne sahélienne de beaucoup selon Jean Ziegler…

Préjugés, raccourcis et analyse de surface, ne sont pas les apanages de recherches se voulant universitaires et se présentant comme telles. Ici, cette méthodologie est de mise. Jacques Barrat et ses co-auteurs font ici leur géopolitique du Burkina Faso, en exprimant leurs idéaux et leurs jugement à longueur d’ouvrage. C’est leur droit et toutes les opinions doivent être représentées pour permettre de se faire sa propre opinion. Mais se présenter comme universitaire « émérites » ayant fait un travail en profondeur est une erreur et une malhonnêteté intellectuelle. De là à dire que cet ouvrage est commandé par le régime Compaoré nous ne le pensons pas, mais que les auteurs soient à sa botte, il n’y a pas loin et il faut ajouter qu’il fut d’abord officiellement présenté devant un par terre de ministres. Dire que cet ouvrage est incomplet, léger et sans analyse, c’est la moindre des choses. Est ce un souhait délibéré ou une soumission ? En tout cas c’est une erreur scandaleuse pour un ouvrage qui se veut exhaustif.

Eric Pludon

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article