Ne pas se laisser entraîner dans des combats inutiles - 3 Janvier 1986

Publié le par Patriote

Le discours suivant, a été publié par Sidwaya le 6 janvier 1986


Camarades militantes et militants de la Révolution démocratique et populaire :

C’était le 25 décembre 1985 ; l’année tirait à sa fin quand nos populations ont été bombardées. Elles ont été bombardées par des avions, elles ont été blessées, tuées par des chars et par des militaires venus de l’autre côté. Nous avons alors riposté. Face à la supériorité matérielle, à l’abondance de moyens, nous avons opposé la détermination politique et révolutionnaire, nous avons libéré le génie créateur. Nos stratèges ont écrit dans les pages de l’histoire militaire africaine des hauts-faits de guerre. Ainsi nous avons protégé notre peuple. Nous l’avons protégé parce que nous avons été agressés, parce que nous lui devons jour et nuit, la liberté et la quiétude. Nous l’avons protégé, obéissant ainsi à un devoir révolutionnaire.

La guerre n’est rien d’autre que la continuation de la politique. Leur politique a continué et s’est transformée en guerre. Notre politique a continué et s’est transformée en défense populaire généralisée. Ainsi deux politiques se sont affrontées, une politique a triomphé.

Chers camarades, je voudrais qu’en ce jour du 3 janvier 1986, nous pensions à tous ceux qui sont tombés sur le champ d’honneur Maliens et Burkinabè à tous ceux qui ont été blessés, à toutes ces familles éplorées, à tous ces deux peuples et les autres peuples d’Afrique et d’ailleurs qui ont été marqués par ces affrontements douloureux. Je voudrais que chacun de nous fasse l’effort de dominer le sentiment de haine, de rejet et d’hostilité envers le peuple malien. Je voudrais que chacun de nous gagne la victoire la plus importante : tuer en soi les germes de l’hostilité, de l’inimitié vis-à-vis de qui que ce soit. Nous avons une victoire importante à gagner : semer dans nos coeurs les germes de l’amitié vraie, celle qui résiste même aux assauts meurtriers des canons, des avions et des chars.

Cette amitié-là ne se construit que sur la base révolutionnaire de l’amour sincère envers les autres peuples. Et cela, je vous en sais capables, capable d’aimer le peuple malien et de le démontrer. Nous le démontrerons. Les frères du Mali nous ont dit dans leur discours qu’ils étaient pour l’ouverture ; nous répondons d’abord oui, mais en plus nous allons ajouter l’acte à la parole. C’est pourquoi je voudrais vous dire camarades, qu’en ce qui nous concerne, entre les peuples malien et burkinabé il n’y a jamais eu que l’amitié et l’amour.

Camarades ! êtes-vous oui ou non pour l’amitié entre nos deux peuples ? [Cris de « Oui !. »]

Alors, les masses populaires dépositaires du pouvoir au Burkina Faso ont parlé, et c’est en leur nom que je dis à la face du monde entier qu’il n’y a plus de prisonniers maliens au Burkina Faso. Les militaires maliens qui sont ici ne sont plus des prisonniers. Ce sont nos frères. Ils peuvent rentrer à Bamako, quand et comme ils veulent, en toute liberté.

Nous ne nous sommes pas battus pour faire des prisonniers, mais pour repousser l’ennemi. Nous l’avons repoussé, et tout Malien au Burkina Faso est un frère. Ainsi donc, les Maliens qui sont là sont nos frères.

A partir d’aujourd’hui des dispositions seront prises pour qu’ils vivent en toute liberté et qu’ils savourent la joie de la liberté au Burkina Faso, à Ouagadougou en particulier. Que leurs parents au Mali sachent qu’ils peuvent venir les chercher, comme ils peuvent les attendre à l’aéroport de Bamako.

Camarades, évitons de nous laisser divertir, entraîner dans des combats qui ne sont pas des combats du peuple ; évitons de nous laisser entraîner dans les préoccupations qui ne sont pas celles du peuple, dans la course folle à l’affrontement et au surarmement. Nous savons que la tentation sera grande dans certains esprits de rechercher coûte que coûte des arsenaux militaires, justifiant ainsi des actions bellicistes et trouvant souvent par là aussi des prétextes faciles et commodes pour rançonner les masses populaires ; il n’en sera pas ainsi au Burkina Faso.

Le média occidentaux, la presse impérialiste a souvent affirmé que le Burkina Faso était un pays surarmé. Vous avez souvent lu dans les journaux que notre pays a reçu des tonnes et des tonnes de matériel militaire. Fort heureusement, cette même presse s’est condamnée, s’est déjugée et a reconnu que le Burkina Faso était sous-équipé militairement. Ce n’est pas nous qui l’avons dit, ce sont eux qui l’ont écrit. C’est vrai, nous sommes sous-équipés, donc tous les propos qu’ils avaient répandus sur notre compte n’étaient que dénigrements. Aujourd’hui ils sont face à leurs propres dénigrements, face à leurs propres mensonges.

Nous savons maintenant quels sont les pays qui sont surarmés, quels sont les pays qui disposent de la ferraille militaire. Nous savons maintenant quels sont les pays qui imposent des sacrifices à leur peuple pour un développement social, politique et économique au lieu d’une militarisation à outrance.

Ces événements de 6 jours ont permis au Burkina Faso de laver la honte, de rétablir la vérité. Ils ont permis au monde entier de nous connaître sous notre vrai jour, et seuls ceux qui détestent la révolution et ils sont nombreux continueront par leurs manoeuvres à vouloir semer la confusion. Des combats nous attendent et il nous faudra les gagner.

Je voudrais souhaiter à tous pour cette année 1986 qui commence, le bonheur conformément à ce que nous formulons comme intention et aux efforts que nous sommes disposés à engager. En vous souhaitant à tous une bonne et heureuse année, je voudrais demander à chacun de se ressaisir et de considérer ce qui vient de se passer comme un épisode, certes, malheureux, mais plein d’enseignements. Je voudrais que nous analysions cela, cette expérience.

Nous savons, nous, révolutionnaires, que chaque jour qui passe est un jour d’affrontement. Nous savons que depuis le jour où c’était le 26 mars 1983 à cette même place, nous avons proclamé que « lorsque le peuple se met debout, l’impérialisme tremble », depuis ce jour, nous sommes face à face avec l’impérialisme et ses valets.

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